Fondé sur la résilience: Adapter les programmes de gestion des risques d’entreprise afin de récompenser l’agriculture respectueuse du climat

Rapport sur la gestion des risques d’entreprise

À la fin de 2021, Fermiers pour la transition climatique (FTC) a mis sur pied un groupe de travail regroupant des expert.e.s chargés d’examiner de quelle manière réformer les programmes de gestion des risques d’entreprise (GRE) de sorte qu’ils aident les agricultrices et agriculteurs à accroître la résilience de leur exploitation et à réduire leurs émissions de GES. Ce groupe de travail et l’organe consultatif qui y était associé étaient formés d’agroéconomistes, de chercheuses et chercheurs ainsi que de conseillères et conseillers politiques ayant une expertise sur le plan des programmes de GRE offerts au Canada. Le groupe de travail a examiné la littérature spécialisée, l’historique des programmes de GRE au Canada et les expériences vécues dans d’autres collectivités publiques et secteurs afin de répondre aux questions de recherche suivante :

  • Les programmes de GRE du Canada comportent-ils des éléments qui incitent ou découragent l’adoption de pratiques permettant d’accroître la résilience des exploitations agricoles et de réduire les émissions de GES?

  • De quelle manière les programmes de GRE du Canada pourraient-ils être réformés de sorte qu’ils favorisent l’adoption de pratiques respectueuses du climat?


MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LES PROGRAMMES DE GRE

Équipe de direction

IAN MCCREARY, président│ Producteur de céréales et de bétail, McCreary Land & Livestock Ltd., Saskatchewan

BRENT PRESTON │ Directeur intérimaire FTC

Équipe d’analyse

AARON DELAPORTE Principal associé de recherche, Département d’économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources, Université de Guelph

ALFONS WEERSINK Professeur, Département d’économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources, Université de Guelph

DANIEL SCHUURMAN │ Assistant de recherche, Département d’économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources, Université de Guelph

KAT LORIMER Associée de recherche, Institut pour l’IntelliProspérité

RYAN TOUGAS-COOKE Associé de recherche, Institut pour l’IntelliProspérité

TRISTAN SKOLRUD │ Professeur associé, Collège d’agriculture et de ressources biologiques, Université de la Saskatchewan

PETER SLADE Professeur associé, Collège d’agriculture et de ressources biologiques, Université de la Saskatchewan

Groupe Consultatif

JEAN-PHILIPPE GERVAIS Vice-président et économiste en chef, Financement agricole Canada

AL MUSSELL Directeur de la recherche et fondateur, Agri-Food Economic Systems

RICHARD GRAY Professeur et titulaire de la Chaire sur les politiques céréalières canadiennes, Université de la Saskatchewan

CHAD LAWLEY Professeur d’agroalimentaire et d’agroéconomie, Université du Manitoba


Principaux constats du groupe de travail

Le groupe de travail a constaté que les programmes de GRE ont une influence sur les décisions en matière de production et sur les émissions de GES au Canada. Voici quelques-uns des principaux constats réalisés dans le cadre de ce projet de recherche :

Influence sur le climat

  1. Les programmes subventionnés de GRE peuvent inciter les agricultrices et agriculteurs à adopter des pratiques plus risquées, un phénomène appelé « aléa moral ». Ces programmes peuvent réduire la probabilité que les agricultrices et agriculteurs adoptent des pratiques susceptibles d’atténuer les risques liés au climat comme diversifier la rotation des cultures, améliorer la santé des sols, ou recourir à des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) respectueuses du climat.

  2. L’influence sur le climat des programmes de GRE se fait davantage sentir sur le plan de la marge extensive (intégrer ou soustraire des terres de la production agricole) que sur celui des marges intensives (décisions concernant la gamme de cultures, les intrants et les pratiques agricoles).

  3. Les programmes d’assurance culture incitent à la conversion des terres marginales, des milieux humides, des prairies et des zones arborées, ce qui peut mener à d’importantes émissions de GES.

  4. Les programmes de GRE peuvent favoriser la spécialisation, ce qui peut faire augmenter les risques liés au climat. Cela semble particulièrement vrai dans le cas du programme Agri-stabilité.

Prestation des programmes

  1. Agri-investissement n’atteint pas les objectifs qu’il s’est fixés, et contribue peu à améliorer la gestion des risques d’entreprise dans le secteur agricole canadien. Ce programme offre peu d’avantages publics, et il risque d’être éliminé s’il n’est pas réformé.

  2. La prestation des programmes de GRE varie grandement d’une province à l’autre. Certaines provinces offrent des programmes novateurs qui incitent les agricultrices et agriculteurs à réduire les risques liés au climat. Or, les autres provinces devraient considérer la possibilité d’offrir de tels programmes.

  3. La collecte de données varie également de manière importante d’une province à l’autre. Certaines provinces recueillent des données sur l’historique des cultures, l’usage d’intrants et les pratiques agricoles utilisées au champ, alors que d’autres ne le font pas. Le manque de donnée peut restreindre certaines options politiques futures.

  4. Il n’a pas été possible d’accéder, dans le cadre de ce projet de recherche, à des données sur la participation aux programmes de GRE ou à des renseignements permettant de caractériser leurs participant.s. L’analyse du programme Agri-stabilité a particulièrement souffert de l’impossibilité d’accéder à de telles données.


PROCHAINES ÉTAPES

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux (FPT) négocient actuellement le prochain Cadre stratégique pour l’agriculture (CSA), qui guidera les politiques agricoles canadiennes, y compris celles régissant les programmes de GRE, de 2023 à 2028. Les ministres ont indiqué que la priorité numéro un du prochain CSA devrait être de « s’attaquer aux changements climatiques et de protéger l’environnement afin de réduire les émissions de GES et de soutenir la viabilité à long terme du secteur ». Afin d’atteindre cet objectif prioritaire, il sera essentiel de s’assurer que les programmes de GRE aident les agricultrices et agriculteurs à gérer les risques engendrés par les changements climatiques, et qu’ils promeuvent l’adoption de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.

À cette fin, Fermiers pour la transition climatique rassemble un nouveau groupe de travail d'expert.e.s qui s'appuiera sur les travaux du groupe de travail sur les programmes de GRE et identifiera les moyens par lesquels le prochain APF peut contribuer à l'atténuation et à l'adaptation aux changements climatiques. Leurs recommandations devraient être publiées en avril 2022, en préparation de la prochaine réunion des ministres FPT prévue pour le printemps 2022.