Résultats du sondage 2024 de FTC sur la perception des producteur.rice.s
Les producteur·rice·s à travers le Canada font face à un nombre croissant de défis, à des événements météorologiques extrêmes, à la hausse du prix des intrants, à des perturbations commerciales et à l’instabilité des marchés. Au même moment, nous cherchons des occasions de mettre en œuvre des pratiques susceptibles de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de renforcer la résilience de nos fermes. Le sondage mené en 2024 par Fermiers pour la transition climatique (FTC) auprès des producteur·rice·s a contribué à ces efforts alors que ses répondant·e·s ont indiqué être fortement intéressés par des pratiques telles que l’optimisation de la gestion de l’azote. Tenter d’implanter une nouvelle pratique est une entreprise qui peut toutefois se révéler périlleuse, car les retombées de cette dernière peuvent être incertaines. En effet, sur le court terme, l’adoption de pratiques de gestion bénéfiques (PGB) peut mener à des diminution de rendement des cultures et des pertes de profits pour les agriculteur·rice·s. Alors que les défis auxquels les agriculteur·rice·s canadiens font face sont de plus en plus importants, ils ont de plus en plus besoin d’outils innovateurs et fiables pour gérer les risques. Le même sondage a d’ailleurs révélé que 87 % des producteur·rice·s considèrent que les outils de gestion de risques sont assez ou très importants lorsque vient le temps de tester de nouvelles pratiques à la ferme.
Dans le cadre d’un nouveau projet, FTC collabore avec l’Institut pour l’IntelliProspérité et le Pôle d’investissement dans la nature afin d’évaluer le potentiel de nouveaux outils d’atténuation de risques innovateurs. Avec ces partenaires, nous déployons des projets pilotes à la ferme visant à tester de tels outils d’atténuation de risques avec les agriculteur·rice·s canadiens. Le but ultime de ce projet consiste à trouver des moyens de réduire les risques associés à l’utilisation de nouvelles PGB en permettant aux agriculteur·rice·s de déterminer si une pratique donnée donne de bons résultats dans le contexte de leur ferme, d’identifier des stratégies de mise en œuvre et de planification efficaces, et d’obtenir du soutien technique.
Des outils de gestion de risques pour un secteur agricole résilient
Application de fertilisants azotés avec semoir pneumatique chez Hebert Group à Moosomin en Saskatchewan.
Au Canada, le gouvernement fédéral et ses pendants provinciaux offrent déjà un ensemble de programmes de gestion de risques vitaux. De plus, à l’internationale, diverses organisations ont commencé à examiner de quelle manière employer les outils de gestion de risques pour aider les agriculteur·rice·s à tester et à adopter en toute confiance des PGB permettant de renforcer la résilience à la ferme et d’accroître les retombées environnementales bénéfiques.
Le Canada peut-il tester de nouveaux outils de gestion de risques spécifiquement adaptés aux différentes PGB et aux différents systèmes de production, de même qu’aux réalités de nos fermes? Le choix du bon outil repose sur plusieurs facteurs : le financement offert, les retombées désirées, la possibilité d’établir des partenariats et de bénéficier d’autres sources de soutien, de même que les exigences en matière de rapport. Nous sommes à la recherche de réponses.
De concert avec nos partenaires, nous entendons tester dans le cadre de ce projet différents outils de gestion de risques afin d’atténuer les risques liés à l’adoption de PGB. Nous souhaitons ainsi contribuer à l’élaboration d’une trousse d’outils complète destinée au secteur agricole canadien en testant avec les agriculteur·rice·s de nouveaux outils permettant d’atténuer les risques à la ferme. Les outils ayant un important potentiel en la matière comprennent :
Les garanties de production fonctionnent de manière semblable aux assurances en protégeant le rendement des agriculteur·rice·s qui testent un nouveau produit ou plan de gestion pendant une saison de croissance. Des exemples de telles garanties aux États-Unis incluent l’Innovation Assurance et la Crop Plan Warranty de la firme Growers Edge.
Les paiements visant à réduire les risques consistent en des versements forfaitaires aux agriculteur·rice·s au cas où une nouvelle pratique engendrerait une baisse des rendements. Par exemple, par l’entremise de son programme Nitrogen Rate Risk Protection, l’organisation Practical Farmers of Iowa verse un montant de 35 $ US l’acre aux agriculteur·rice·s qui ont subi une perte de rendement après avoir réduit le taux d’application de fertilisants.
La réduction des primes d’assurance vise à accélérer l’adoption de PGB en accordant des rabais sur les primes d’assurance aux agriculteur·rice·s qui mettent en œuvre certaines pratiques ou qui obtiennent des retombées environnementales bénéfiques. Aux États-Unis, le Crop Insurance Discount Program offre un rabais de 5 $ US l’acre aux producteur·rice·s qui adoptent les cultures de couverture. Au Canada, les compagnies d’assurance dans différentes provinces testent des modèles semblables. En Alberta, l’Agriculture Financial Services Corporation est une chef de file dans ce domaine alors qu’elle explore la possibilité de réduire les primes d’assurance si la teneur en matière organique des sols est élevée.
Les prêts liés à la durabilité proposent des taux d’intérêt réduits aux producteur·rice·s qui adoptent certaines pratiques. Par exemple, le Programme de financement pour un avenir plus vert de la BMO offre aux agriculteur·rice·s une réduction de 1 % sur les intérêts des prêts qui sont investis dans des pratiques permettant de réduire les émissions de GES et de renforcer la résilience climatique.
Les assurances pour les PGB proposent aux agriculteur·rice·s une police d’assurance qui protège le rendement ou le profit si une nouvelle pratique de production ou une pratique favorisant la durabilité environnementale est adoptée. Une indemnité est versée à la ferme si la pratique adoptée offre un rendement ou une rentabilité moindres par rapport aux pratiques habituelles. De tels programmes sont habituellement couplés à du soutien technique. Bien qu’un projet pilote à petite échelle sur les assurances pour les PGB ait été mené à l’Île-du-Prince-Édouard en 2007, ce type d’assurance est nouveau au Canada. Par ailleurs, des projets pilotes sur les assurances pour les PGB ont également été menés aux États-Unis, dont le BMP Challenge.
Le pilote que nous menons avec les agriculteur·rice·s de l’Ontario
Application de fertilisants chez Datim Farms proche d’Arnprior en Ontario
Au printemps 2025, nous avons lancé le premier pilote, auquel participe un petit groupe de producteur·rice·s de maïs ontariens. Le “Split Nitrogen Application Profit Guarantee Pilot” a été conçu pour aider ces agriculteur·rice·s à tester l’application fractionnée de l’azote dans leurs champs ou à revoir leur taux d’application. Afin d’atténuer les risques liés à cette pratique, un dédommagement sera offert aux agriculteur·rice·s dans le cadre de ce projet pilote si une perte de profit lié au rendement est constatée sur la superficie traitée. Ce pilote propose également du soutien technique subventionné pour aider les agriculteur·rice·s à élaborer leur plan de gestion des nutriments, à tester leurs sols et à déterminer les taux d’application. L’application fractionnée de l’azote peut réduire les coûts d’intrants et permet d’ajuster plus finement les apports au cours de la saison, ce qui se traduit par de meilleurs rendement et une diminution des pertes d'azote. Cela bénéficie non seulement à l'environnement, mais améliore la résilience commerciale de leur ferme en maintenant ou en augmentant leurs marges de profit.
Ce premier pilote nous donnera l’occasion de tester le modèle des garanties de production dans le cadre de pratiques bien connues visant à gérer l’azote et à tester les sols afin de déterminer les taux d’application. Ce projet pilote a été conçu pour recueillir des données et raffiner la conception de certains éléments du projet. Nous tirerons parti des résultats de ce pilote pour guider l’élaboration de futurs pilotes, afin d’appliquer cet outil à d’autres cultures, PGB et régions.
Restez à l’affût des prochaines annonces à propos de ce projet. Abonnez-vous à notre infolettre afin de prendre connaissance des résultats de ce pilote et d’en apprendre davantage à propos des occasions de vous y impliquer!
Un avenir résilient pour l’agriculture canadienne
Les risques auxquels nous faisons face en tant qu’agriculteur·rice·s continuent de croître. Nous avons conséquemment besoin d’outils de gestion de risques innovateurs et fiables afin de nous aider à mettre en œuvre des pratiques qui renforcent la résilience et améliorent les retombées environnementales bénéfiques, sans pour autant faire augmenter le stress ou les risques financiers. Par l’entremise de ce projet, nous développons des partenariats avec le gouvernement, les organisations agricoles, les établissements financiers et les compagnies d’assurance afin de trouver et de mettre en œuvre des solutions pratiques susceptibles d’aider nos fermes à prospérer malgré les multiples incertitudes.
Pour en apprendre davantage à propos de ce projet, veuillez communiquer avec Virginie à virginie@farmersforclimatesolutions.ca.
Willmar Farms Ltd. à Meltfort en Saskatchewan.
Image de couverture: Épandage de fertilisants azotés le long des lignes de maïs et semis de cultures de couverture à Woodleigh Farms à Cavan en Ontario.